mardi 4 mars 2014

Solidarité avec le peuple ukrainien, par Hélène Adam


Une fois encore, les mobilisations populaires ont conduit à la destitution d’un dirigeant, oligarque richissime et honni, Viktor Ianoukovitch. Les événements se sont enchaînés comme conduits par un gigantesque et implacable engrenage, désormais « classique ». Le même scénario a dominé les révolutions arabes en Egypte ou en Tunisie pour ne citer qu’elles. 

Mais l’Ukraine est dans le champ de domination de la Russie de Poutine. Ce qui représente aujourd’hui la menace concrète d’une intervention militaire musclée. Les peuples contre l’autocratie Le « putsch » commence de fait le 21 novembre 2013, quand, de manière unilatérale, le président Ukrainien Viktor Ianoukovitch, décide de rompre les négociations en cours et déclare que l’Ukraine ne signera pas l’accord d’association avec l’Union Européenne. 


Pour une partie de la population, un tel revirement a une signification claire : l’Ukraine décide de retomber dans la sphère d’influence de la Russie et nombre d’observateurs voient à juste titre la patte de Poutine sur cette décision. Au-delà même des espoirs mis dans le rapprochement avec l’UE, c’est à la fois le caractère anti-démocratique de la décision et l’opposition résolue à tout retour au cadre contraignant des alliances à l’est, qui sont les raisons fondamentales d’une mobilisation qui commence alors à occuper la grande place Maidan. 

Ces occupations de rue (de places plutôt) deviennent aussi des marques de fabriques des soulèvements populaires du 21ème siècle. Elles révèlent toujours la profondeur d’une mobilisation, capable de trouver des relais quotidiens pour ne pas lâcher la rue, des formes d’organisation pour assurer nourriture, couchage et infrastructures. Elles sont toujours amplifiées et relayées par les réseaux sociaux et deviennent de ce fait, bien avant que les médias ne s’emparent des images, des symboles forts de la Résistance. 

La répression élargit la mobilisation 

La répression radicale du 29 novembre, quand la police charge violemment des manifestants alors pacifistes, conduit là aussi classiquement parce que la mobilisation apparait légitime et pacifiste, à un élargissement considérable de l’occupation de rue. Au-delà des couches modernes et jeunes, plutôt pro-européennes, surtout à l’ouest de l’Ukraine et singulièrement à Kiev, les laissés pour compte du système mafieux Ukrainien, rejoignent la mobilisation qui s’installe et se fixe durablement, créant une pression permanente sur un gouvernement alors fragilisé mais sourd à toutes les revendications de son propre peuple. 

Corruption de l’état, enrichissement personnel des dirigeants, sont les caractéristiques d’un pays où les inégalités sociales sont très fortes et où les salaires sont bas, le chômage élevé et les conditions de vie misérables pour une bonne partie de la population. 

Il n’y a guère qu’à l’est de l’Ukraine, en Crimée notamment – devenue essentiellement russophone suite aux déportations des Tatars de Crimée vers l’Asie centrale sous Staline- que l’on trouve des populations inquiètes du sens des mobilisations. Dans les grandes villes de l'Est (Donetsk et Kharkiv en particulier), des manifestations pro-russe ont rassemblé des milliers de personnes, les banderoles proclamant comme en Crimée "fascistes, vous ne prendrez pas cette ville, nous sommes la Russie", manifestations conservatrices, largement soutenues, plébiscitées par la Russie voisine, et que la propagande popularise à grande échelle comme pour justifier une intervention, à l'appel des "masses menacées". Dans le reste de l’Ukraine, la plupart des régions ont épousé le parti de la lutte contre les tyrannies d’un pouvoir corrompu. 

Alors que la rue demandait la démission du gouvernement, refusant tous les compromis ou demi-mesures proposées par l’opposition ou suggérés par l’UE elle-même, la répression a franchi un pas supplémentaire : police tirant à balles réelles sur les manifestants, plus de 80 morts, une semaine sanglante qui a conduit à la destitution du Président par son propre Parlement. Les émissaires de l’UE ont vainement tenté de trouver une solution qui le ménagerait. La rue n’a pas cédé la place avant d’être sûr de s’être débarrassé du tyran. 

La menace militaire russe Poutine, dont la position à l’égard des peuples qui contestent l’autorité russe, est bien connue au moins depuis la répression sanglante contre les tchétchènes, a sciemment organisé la « peur » de la Crimée, les manifestations pro-russes et développé une propagande acharnée basée sur une « vérité » historique classique en la matière : les Ukrainiens n’étaient pas du bon côté durant la seconde guerre mondiale, propagande déjà largement utilisées par les dirigeants Serbes de Milosevic contre les Croates aux débuts de la guerre dans l’ex-Yougoslavie. 

Ce sont donc des « fascistes »….. 

Nous devons soutenir avec force le droit des peuples d’Ukraine à décider eux-mêmes de leur avenir ! Les ingérences d’où qu’elles viennent, font aujourd’hui le lit des forces ultra-libérales pro-européennes, qui conduiront là aussi les populations à bien des désillusions quand les requins de la finance et les bureaucrates du FMI auront imposé leurs plans d’austérité. 

La situation économique de l’Ukraine, endettée jusqu’au cou et en situation de quasi-faillite, facilite toutes les manipulations politiques et nombre de forces politiques qui se sont emparées de la mobilisation sont incontestablement des forces réactionnaires d’extrême-droite, en l’absence d’alternative de gauche. 

Dans une situation mondiale où domine une crise économique sans précédent, et une accélération de toutes les inégalités, sans qu’aucune réponse alternative de gauche n’émerge durablement, les forces réactionnaires de tous bords peuvent facilement dominer et s’imposer tandis que resurgissent les thèmes favoris de l’extrême-droite aux aguets : antisémitisme, racisme, nationalismes exacerbés…. 

Non à l’intervention russe en Ukraine ! 

Mais la menace principale aujourd’hui, vient de l’intervention militaire de la Russie qui a déjà installé ses troupes en Crimée et menace de décider de l’avenir de l’Ukraine en lieu et place des populations. Il est de notre responsabilité dans ce concert de bruits de bottes, de soutenir la volonté populaire des Ukrainiens dans leur désir de démocratie et de souveraineté, de permettre aux forces de gauche, aux forces progressistes de faire entendre leur voix et leurs solutions, de favoriser la rencontre entre tous les peuples soudés dans la volonté de combattre l’austérité imposée par les forces libérales de l’Union européenne comme la menace réactionnaire et autoritaire de la Russie de Poutine. 

Hélène Adam, militante d'Ensemble !

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