mercredi 16 septembre 2015

Respecter le droit international pour tous les migrants, par Marie-Christine Vergiat, député européenne Front de Gauche


Les conflits qui perdurent dans plusieurs zones du monde provoquent une crise humanitaire sans précédent. Plus de 60 millions de déplacés en 2014 dans le monde, 42 500 personnes par jour selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Dans ce contexte international dramatique, le continent européen devient le plus mortifère du monde pour les migrants. Cet été, les drames humains se sont succédés sans empêcher les mouvements de population. 

Alors oui cela suffit. Les politiques de fermetures des frontières sont les principales responsables de cette hécatombe car elles poussent les migrants dans les bras des passeurs, à défaut de trouver des voies légales pour arriver en Europe. Les réfugiés et demandeurs d’asile ont des droits reconnus internationalement qui doivent être enfin respectés. 

Mais cela ne suffira pas. La frontière entre migrants et réfugiés est de plus en plus poreuse et dépend assez largement du traitement des demandes d’asile par les États. Seulement un quart des demandes sont acceptées au sein des États européens. Que deviendront les déboutés de ce droit d’asile notamment en France, championne des mesures d’expulsion en Europe ? Et quelle sera la conséquence de la révision de la liste des pays sûrs notamment vis-à-vis des réfugiés qui arrivent des Balkans en nombre croissant ? 


La directive de Dublin doit être revue de fond en comble et pas seulement suspendue par l’Allemagne au bénéfice des seuls Syriens. Il est temps de respecter le droit international pour tous les migrants : sauvetage en mer, regroupement familial, droit à la santé, à l’éducation et au travail afin de « régulariser » la situation de ceux et celles qui vivent souvent depuis des années dans des conditions indignes de nos démocraties. 

La montée de la précarité dans nos pays est une réalité mais elle ne doit pas être instrumentalisée pour refuser d’autres formes de solidarité. Outre la nécessité d’une autre répartition des richesses, ici et ailleurs, il faut réorienter d’urgence les crédits des politiques européennes sécuritaires vers des politiques d’accueil et d’intégration (plus d’un milliard pour le seul projet Smart Borders, qui vise à ficher tous ceux et toutes celles dès qu’ils arrivent sur le sol européen) contre 5 millions pour le sauvetage en mer. 

Même chose pour les opérations militaires contre les passeurs dont les spécialistes disent qu’elles risquent surtout de produire des « dégâts collatéraux ». Cela veut dire aussi cesser d’externaliser le contrôle des frontières à des pays peu respectueux du droit, qu’ils soient limitrophes de l’UE ou non, et bloquer d’urgence le processus de Khartoum par lequel les pays européens prétendent discuter du sort des migrants avec des dictatures comme l’Érythrée et le Soudan. 

La libéralisation des visas ne doit plus être vue comme un tabou car c’est la base de toute politique de « mobilité » et cela ne veut pas dire que l’on renonce aux contrôles des frontières. On négocie actuellement au niveau européen de telles libéralisations avec des pays comme la Colombie et le Pérou et aussi… les Émirats arabes unis. Pourquoi refuser de le faire pour la Tunisie ou d’autres ? 

Changer enfin radicalement les politiques avec les pays du Sud. L’aide publique au développement n’est qu’un leurre et doit être revue de fond en comble au bénéfice de projets locaux. La France ne cesse de diminuer son engagement en ce domaine, les pays européens n’ont pas rempli leurs engagements, pourtant modestes, auprès de l’ONU et privilégient désormais des accords de partenariat économique, autrement dit des accords de libre-échange purs et durs. On sait ce que cela veut dire… 

Des politiques alternatives existent ; leur mise en œuvre est une question de choix et de courage politiques. 

http://www.eurocitoyenne.fr/combats-citoyens/immigration-asile

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